BUT : Amener le cheval à être à l'écoute de son cavalier ou meneur, c'est à dire l'amener à chercher à comprendre ce qui lui est demandé et à accepter de l'exécuter avec un minimum de contraintes.
Le " contentement " des deux parties, éducateur/élève, amenant la bonne ambiance d'où découleront la bonne volonté et la décontraction, hors desquelles aucun travail ne peut être pleinement satisfaisant à long terme.
Cela entraîne de la part du cheval une soumission volontaire et une confiance de plus en plus grande en son maître et par extension vis à vis du genre humain, pour peu qu'on ne le trompe pas.
" Au cours des siècles, les chevaux ont été exploités sans vergogne en raison d'un empressement étonnant à collaborer avec leurs compagnons humains et à se plier à leurs quatre volontés " (D. MORRIS).
Je ne parlerais pas ici du " brave " cheval cassé dans son moral quand ce n'est pas dans son physique, dans sa bouche, ses membres, dont la seule défense sera de donner le minimum, afin d'économiser le peu de forces qui lui restent en attendant de prendre le chemin de l'abattoir.
Je parlerai des autres..., de ceux qui n'ont pas un passé trop lourd. Ce passé dont on ne connaît généralement rien, dont on tient si peu compte..., et pourtant, avant de vous appartenir il était ailleurs, traité mieux ou moins bien, probablement différemment. Autres rythmes, autre vocabulaire, autres demandes, peut-être même autres orientations... A lui de s'adapter bien sûr, mais à vous de vous en souvenir.
Il existe des races plus réceptives que d'autres, où le coté psychologique doit être très ménagé si l'on veut en obtenir le maximum, comme le Pur Sang, ce mal aimé des cavaliers de CH, cet incompris ou bien l'arabe qui, s'il est bien pris, livrera tout de lui. Et puis, à l'intérieur des races il y a des individus, à chacun son caractère, son individualité.
Qu'est ce qu'un cheval sauvage ? Desmond MORRIS répond : " un animal grégaire vivant en petits groupes où l'entraide est une réalité aussi forte que la rivalité et où l'affection réciproque est si profonde qu'elle peut facilement se transformer en un lien entre le cheval et l'homme ".
A l'état sauvage, dans la nature, il y a les prédateurs et les proies. Le cheval, herbivore, est une proie exclusivement. il réagira en tant que tel, et ne devra son salut que dans la fuite, sa dernière défense avant de succomber sera de mordre, de ruer, de taper.
Tout bruit, tout objet non identifié sera assimilé à un prédateur possible. Lors du débourrage, la selle fixée pour la première fois sur le dos sera, le plus souvent, ressentie comme l'agression d'un fauve d'où peur, réflexe de fuite éperdue avant de s'apercevoir que somme toute, ça ne fait pas mal, ça n'est pas méchant donc acceptation.
Il faut se souvenir que, confronté à la peur, le cheval n'aura de cesse que de fuir, et, plus la peur sera grande, plus la fuite deviendra incontrôlable. Même un petit shetland, s'il veut embarquer, peut importe le motif, sera tout à fait capable de forcer la main d'un meneur adulte et son extrême force lui permettra de résister longtemps.
Donc face à une peur, toujours rassurer, montrer, consoler et non se fâcher. Certainement pas employer des moyens coercitifs ou répressifs.
D. MORRIS dit aussi que le cheval "est notre humble serviteur tout en se comportant comme un aristocrate et ce mélange nous enchante et nous flatte
Que cherche-t-on dans nos rapports avec les chevaux ? Nous le voulons ESCLAVE.
Eh bien oui, c'est le but non avoué. Mais pas un esclave passif ou rétif, abruti par des erreurs répétées, une contrainte obtenue par la force, par abandon de la personnalité, mais un esclave ami, qui cherche à comprendre et à faire "bien" ce qui lui est demandé.
Faut-il encore que la demande soit compréhensible - c'est à dire correctement exprimée, dans un langage qu'il puisse comprendre et accessible à ses moyens du moment, psychiques, mentaux, et physiques. Un mouvement demandé et compris peut être rendu impossible par manque de souplesse ou de maturité. Il s'agit exceptionnellement de mauvaise volonté pure et d'entêtement.
On ne demandera pas à un élève de 6ème de résoudre un problème de l ère, encore moins si son niveau est celui de la maternelle. À l'éducateur intelligent et compréhensif de savoir doser ses exigence dans le temps.
Un cheval doit être travaillé, éduqué, si l'on veut qu'il grandisse dans le savoir, que sa musculature se fasse et qu'il puisse répondre à nos exigences grandissantes sans ruiner prématurément son moral et sa santé.
Il faut communiquer - mot de grande actualité !- Comment les chevaux communiquent-ils entre eux ? Par des mouvements, des attitudes :
Et le cheval et l'homme, comment communiquer ?
Le cheval a une ouïe plus fine que l'homme. C'est pourquoi il est très sensible aux sons. (Les chevaux de la Garde Républicaine subissent un dressage spécial pour adaptation aux bruits). On a tendance à "noyer" le mot clé dans une phrase ou bien à ne servir de plusieurs mots pour le même acte. C'est idiot, on complique tout, on disperse l'attention.
Quand un ordre vocal est donné il faut laisser un temps de réponse plus ou moins long suivant les individus. En effet vous prononcez le mot, le cheval l'entend, le transmet au cerveau, qui lui-même envoie l'ordre à la musculature, qui à son tour se met en route... Un ordre ne peut être exécuté immédiatement, quelques secondes sont nécessaire. (Moins lorsque c'est devenu un réflexe).
Simple expérience : calculez le temps que mettra un individu à se lever quand sans le prévenir- vous lui demandez de le faire. Donc ne répétez pas votre ordre sans laisser passer quelques secondes, vous ne feriez que le rendre moins efficace, pour la suite.
Quand le travail ne va pas comme vous le voulez mauvais jour pourquoi le cheval, comme vous, n'aurait-il pas le droit de s'être levé du mauvais pied ? Peut-être a-t-il mal dormi, mal à la tête ou ailleurs. Soyez moins exigeant ce jour là. Et posez-vous la question, n'est ce pas vous qui êtes énervé, moins concentré ? Le cheval est très réceptif, il recevra aussi bien votre bonne que votre mauvaise humeur.
Pour une faute précise, avant de sévir, essayer de comprendre pourquoi il y a eu faute, et surtout comment agir pour que cela ne se reproduise plus. Remettre le cheval dans les mêmes conditions après avoir vérifié que la demande est bonne, bien formulée et que l'on s'est donné les moyens de gagner avec certitude.
Mais avec des chevaux près du sang il vaut toujours mieux contourner une difficulté pour y revenir ensuite, par palier, diplomatiquement savoir parfois perdre mais sans le lui montrer.
Et si l'on n'y est mal pris, si l'on n'a pas nu prévoir, la bagarre aura lieu et là, il faut gagner, même par la contrainte brutale mais dosée et aussitôt après revenir à la persuasion par la douceur. Quelques minutes ou un quart d'heure d'arrêt pour calmer les deux parties et on recommence... Il ne faudrait jamais agir en état de colère, la colère n'a pas raison puisque avec elle on perd son propre contrôle.
C'est ainsi que je conçois mes rapports avec les chevaux. C'est ainsi que J'aimerais toujours agir si je ne faisait pas partie du monde des humains, souvent brutaux, oublieux qu'un animal n'est pas une chose inerte, pas une machine non plus, mais un être vivant avec ses règles propres ses réflexes sont atavisme ses peurs sa perception de la douleur mais aussi du bien être son passé et puis... mais oui ... son affectivité.
Rose-Marie MUSSON
A.A.S.M. COURRIER ATTELAGE 76 N°